la suite de la mission d’évaluation du mois de février, une équipe constituée de spécialistes feux de forêts s’est rendue au Pérou pour former les pompiers du site du Machu Picchu en leur amenant du matériel d’extinction, à savoir des tuyaux, une motopompe et des claies de portage. Notre spécialiste drone a également apporté aux pompiers péruviens trois drones offerts par PUI et son Association des Télépilotes du Val-de-Cher (ATVC).

C’est à près de 3000 m d’altitude que cette formation inédite va avoir lieu. François, Willy et Jean-François sont arrivés à Lima puis ont rejoint Urubamba par la route. La suite du trajet s’effectue à pied pour atteindre le site historique du Machu Picchu avec 25 kg de matériel sur le dos.

Les sauveteurs péruviens sont 24 guides touristiques chargés aussi des secours et de la lutte contre les incendies. Ces sauveteurs sont capables de brancarder une victime sur 20 km. Le jour même de l’arrivée de PUI sur les lieux, un feu de forêt se déclare. L’incendie étant situé à 25 km de leur refuge, ils ont emprunté le train qui dessert le site.

Le feu a déjà parcouru 100 hectares. Willy utilise le drone de PUI pour survoler l’incendie afin d’établir une défense, vérifier le sens de la progression et choisir le meilleur endroit où prévoir un pare-feu sur le site inca nommé Llamacancha. Un agent du parc, victime de brûlures, a été pris en charge et transféré à l’hôpital de Cuzco à trois heures de train. Les pompiers ont gravi une pente abrupte avec plus de 30 kg de matériel sur le dos. Armés de seaux pompes, de battes à feu et de machettes, ils ont réussi à stopper le feu de broussailles.

« Pour moi, ce fut une leçon de vie et de pompier, je suis époustouflé par le courage et la force de ces hommes qui ont combattu le sinistre à la force des bras et surtout des jambes. » (Willy)

À la tombée de la nuit, le responsable des opérations les fait rentrer car il est impossible de travailler dans l’obscurité. Le feu a alors parcouru quelques 5 000 hectares.

Ils y retournent dès 5 h du matin pour allier travail et formation sur le terrain. Les péruviens leur font découvrir des endroits inaccessibles aux touristes.

« Leur principal souci, c’est le manque de moyens. Ils disposent d’un équipement hétéroclite. Le manque d’eau est aussi un handicap face aux incendies, la seule stratégie possible est de couper la route au feu, l’eau n’est utilisée que pour éteindre les lisières et empêcher sa reprise. »

Le lendemain, la journée débute à 4 h pour prendre le train en direction de Pampacahua. Un travail de reconnaissance commence avec le drone équipé d’une caméra thermique. Les équipes traitent les reprises de feux avec l’aide des membres de PUI.

En parallèle, la formation télépilote se poursuit sur le site de Llamacancha. C’est l’occasion de réaliser une modélisation 3D et une cartographie du site historique à l’aide d’un drone. En fin d’après-midi, toutes les équipes se retrouvent pour reprendre ensemble le train ; ce sont ces moments de partage qui donnent à cette mission tout son sens.

Les conditions de vie sont particulièrement rudes dans ce parc qui voit défiler environ 13 000 visiteurs au quotidien, avec des températures frôlant le zéro à la nuit tombée et dépassant 30 degrés en milieu de journée. Il faut aussi composer avec les risques de chute sur les sentiers abrupts de la montagne du Huayna Picchu.

Le troisième jour, départ à 4h30 sur le feu de Pampacahua pour traiter les dernières reprises. L’équipe profite des moments où les enfants vont à l’école pour leur offrir des bonbons et de petits cadeaux.

Les reconnaissances en drone vont bon train et Eugènio, responsable des pompiers du groupe de Pisca Cucho,  gagne en expérience en tant que télépilote.

Beaucoup d’autorités sont venues voir le travail des pompiers sur ce feu qui est l’un des plus importants de l’année. Le responsable du district du Machu Picchu est venu, en personne, les remercier.

Il est très intéressé par le travail de prévision, d’expertise et de drone. Il leur demande de participer à une réunion sur le site du Machu Picchu.

A 14 h une reprise de feu à plus de 3000 m d’altitude inquiète les pompiers.

Ces hommes du feu, avec 30 kg sur le dos de transport d’eau, sont capables d’avaler 600 mètres de dénivelé positif sur des éperons rocheux pour aller à la rencontre du feu !  Ils sont humbles et offrent une leçon de courage et d’abnégation.

La journée suivante est placée sous le signe de la formation. Au programme du matin, découverte de la motopompe et de la théorie hydraulique. L’équipe leur fait découvrir les tuyaux et la façon de s’en servir : dérouler, rouler, et partir en intervention équipés. À midi, le haut responsable du district du Machu Picchu vient les rencontrer et les remercier. Il demande à voir une démonstration de drones.

L’après midi est consacrée aux manœuvres d’établissement des tuyaux avec en finalité un concours de déroulé de tuyaux pour gagner un casque.

Le lendemain, le début de matinée est dédié à la remise du matériel. S’ensuit la mise en route des motopompes et la fin de la formation sur l’établissements des lances. Cette longue journée s’est conclue par un match de foot avec pour mot d’ordre les mêmes valeurs que celles cultivées dans le travail : joie de vivre, cohésion et humilité.

Au programme de la dernière journée : gestion opérationnelle et commandement avec François, drone avec Willy et lots de sauvetage avec Jeff.

Eugènio leur demande de réfléchir aux problématiques en vigeur sur trois secteurs :

– Machu Picchu village : ville dense, peuplée, touristique, avec des routes mais aucun camion incendie. L’axe privilégié d’amélioration est la prévision des risques et un véhicule pour les incendies de structure avec une formation ;

– le site sacré du Machu Picchu : ils aimeraient être formés en secourisme. Ils n’ont pas de formation pour prendre en charge les blessés sur le site. Les notions de relevage et de brancardage seraient nécessaires car ils doivent amener les blessés jusqu’à l’entrée du site où une ambulance privée prend ensuite le relais. Des lots de sauvetage et protection contre les chutes, une barquette et des formations secourisme, sont les axes à prioriser ;

– le mont Huayna Picchu : la montagne qui fait face au Machu Picchu. C’est une véritable aventure pour monter au sommet et les péruviens nous disent que beaucoup font des malaises et tombent dans le vide. Indéniablement le travail de nos référents Groupe de Reconnaissance et d’Intervention en Milieu Périlleux (GRIMP) serait indispensable pour ce site.