MISSION D’URGENCE EN HAÏTI
18 AOÛT AU 02 SEPTEMBRE 2021
Le séisme d’une magnitude de 7,2 est survenu le 14 août aux abords de Petit-Trou-de-Nippes (Nippes), dans la péninsule de Tiburon, à environ 150 km à l’ouest de la capitale, Port-au-Prince. Lors du bilan provisoire établi le 19 août, l’on recense plus de 1 800 décès dans le département du Sud. Près de 53 000 maisons ont été détruites et quelques 77 000 autres sont endommagées. Les services de secours haïtiens font état 600 000 personnes directement impactées et nécessitant une « assistance humanitaire immédiate ».
Le jour même, les présidents des associations Aides Actions Internationales Pompiers (AAIP), Pompiers de l’urgence internationale (PUI) et Pompiers Missions Humanitaires (PMH) se consultent. L’objectif est de constituer, pour la première fois, une équipe composée des 3 ONG de sapeurs-pompiers français. Les contacts sont pris auprès des différentes administrations (ministère des Affaires étrangères et ambassade haïtienne en France) pour obtenir les autorisations nécessaires à un déploiement, ainsi qu’auprès d’interlocuteurs locaux pour avoir une vision de terrain des dégâts sur place. Le processus est lancé : personnel, équipement et moyens de transport sont organisés, une première équipe composée de 5 personnes se met en route qui ouvrira la voie à une seconde équipe.
Le départ est fixé au 18 août. L’après-midi même, l’équipe débarque à Port au Prince et rejoint la protection civile. Sur place, nous prenons contact avec l’ambassade de France en Haïti et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). A ce stade, nous espérons être transportés sur Les Cayes, au sud de l’île, par un avion de l’armée colombienne. Hélas le vol est annulé car les colombiens quittent le pays. Depuis l’assassinat du président haïtien en début d’année, la sécurité est précaire et un trajet par la route nous est fortement déconseillé du fait des attaques de plusieurs convois humanitaires.
Notre départ est retardé de quelques jours mais confirmé malgré tout grâce au soutien du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Nous profitons de ce délai pour préparer le départ de la deuxième équipe, informer l’ambassade de France de nos actions à venir et établir un contact avec le président de la protection civile des Cayes pour intégrer le dispositif de secours dès notre arrivée.
1 heure d’hélicoptère suffit à nous transporter aux Cayes où deux véhicules nous attendent grâce à ACTED France. À leur siège, nous faisons le point sur les régions les plus touchées par le séisme et n’ayant reçu aucun secours depuis la catastrophe. Dans la foulée, nous nous enregistrons auprès de la protection civile ainsi que la DINEPA (service d’eau local), auxquels nous proposons nos services pour la distribution d’eau potable.
Nous sommes initialement dirigés sur la commune de Maniche, puis sur Dory, commune de 12 000 habitants qui compte plus de 60 morts, une vingtaine de disparus, 200 blessés graves et 400 autres. Nombreuses sont les habitations détruites ou endommagées.
4 jours après notre départ en mission, l’équipe est scindée en deux, une préposée à la production d’eau potable et l’autre à la mise en place d’un centre de soins. Le jour même, 1 m³ d’eau potable est distribué à la population. Au centre médical, 184 patients vont se présenter à nous, dont une vingtaine présentant des plaies surinfectées et des fractures liées au séisme. D’autres consultations sont programmées pour l’arrivée de la deuxième équipe et, avec elle, l’approvisionnement en médicaments. Nous œuvrons par ailleurs à la réparation du réseau d’eau endommagé ainsi qu’à l’aménagement des locaux pour accueillir blessés et malades dans les meilleures conditions.
2 répliques viennent perturber notre sommeil sans pour autant interrompre notre routine. Alors que les uns partent le matin s’acquitter de la production d’eau potable (environ 1,5 m³), les autres s’affairent à soigner plus de 70 personnes. Les pathologies restent les mêmes : blessures surinfectées, contusions et fractures. Nous manquons cruellement de médicaments.
Entre-temps la deuxième équipe est bien arrivée à Port au Prince mais rencontre des problèmes de douane avec les caisses de médicaments. Grâce au PAM, un vol en hélicoptère est organisé dès le lendemain. Nous les attendons de pied ferme ainsi que les caisses « Tulipe » (établissement pharmaceutique distributeur à vocation humanitaire) remplies de médicaments.
Les journées se suivent et se ressemblent : nous enregistrons plus de 80 consultations et déjà, des visites de suivi. Côté potabilisation, plus d’1 m³ d’eau est distribué à la population. Le lendemain, les visites se poursuivent, et on constate une famille souffrant de la gale. 1,5 m³ d’eau potable produite est destinée à Dory.