L’urgence au cœur du conflit

Le 24 février 2022 marque le début de la guerre en Ukraine. Face à la crise humanitaire déclenchée par ce conflit, Pompiers de l’urgence internationale lance un appel aux dons et organise la collecte pour venir en aide aux réfugiés. C’est la première fois que l’on se mobilise au plus près d’une zone de combat. Dès le 28 février, l’opération « Solidarité Ukraine » est lancée par la mobilisation des 3 ONG de sapeurs-pompiers signataires de la charte de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France (FNSPF) en faveur des réfugiés ukrainiens en Moldavie. Pompiers de l’urgence internationale, Aides Actions Internationales Pompiers (AAIP) et Pompiers Missions Humanitaires (PMH) décident alors d’acheminer une aide d’urgence depuis Limoges, Caen et Valence.

Les dons pour l’Ukraine sont vite recensés : vêtements chauds, lait et couches pour bébés, jouets, produits d’hygiène corporelle, bandes, compresses, désinfectant, masques, protections hygiéniques, coton, serviettes en papier, brosses à dents, lingettes nettoyantes, couvertures, sacs de couchage, lampes torches, etc.

Par le biais des médias et des réseaux sociaux, les donateurs sont invités à amener leurs dons au siège de PUI, où une tente a été installée à cet effet.

L’opération humanitaire prend alors une ampleur nationale inédite.

Avec la ville de Limoges, Limoges Métropole et SOS Attitude, l’objectif d’un convoi humanitaire de 8 semi-remorques va être vite atteint et même dépassé.

Les trois plateformes de collectes sont relayées par les Unions Départementales de Sapeurs-Pompiers (UDSP) de toute la France, les mairies, les conseils départementaux, les personnels soignants, etc. C’est une véritable chaîne de solidarité citoyenne qui est mise en place.

Une aide humanitaire va être apportée aux 95 000 réfugiés localisés à la frontière, ainsi qu’une aide opérationnelle à la protection civile moldave.

Tous les membres de l’association se sont investis et des bénévoles sont aussi venus aider à trier et conditionner les dons à Limoges : un véritable challenge logistique et humanitaire sur 4 jours.

Nous nous devons cependant de citer et saluer l’initiative de Jérôme Guttierez, nouveau membre de PUI, qui a géré une plateforme logistique improvisée avec tous les pompiers et habitants de sa commune, Vic-le-Comte.

Dans un premier temps, ce sont près de 14 semi-remorques qui vont être envoyés vers la Moldavie, au camp de Palenca, pour aider les réfugiés.

En amont, une équipe de personnels des 3 ONG de pompiers se rend en Roumanie et en Moldavie pour organiser l’arrivée du convoi, mais aussi apporter un appui opérationnel à la protection civile moldave.

Ils sont arrivés à Laşi, en Roumanie, le mardi 8 mars et ont rejoint Chișinău, la capitale, afin de rencontrer la protection civile moldave. Ils ont été également reçus par l’ambassadeur de France en Moldavie.

rrivée à Palanca, la frontière ukrainienne, l’équipe constate que près de 3 000 réfugiés la traversent chaque jour. Très bien organisé, le camp est tenu par la protection civile moldave. Les réfugiés sont accueillis dans la zone de réception avec des boissons et un repas chauds. Ils sont ensuite transférés en bus vers la Roumanie. Très peu restent dans le camp, ils ont peur et s’éloignent de la frontière. Il n’y a que des femmes et des enfants, les hommes entre 18 et 60 ans sont restés en Ukraine pour combattre.

En parallèle, le camion de collecte de la ville de Limoges quitte le siège de l’association avec deux conducteurs de la mairie, accompagnés par une équipe de 3 bénévoles de PUI. Leur destination est Suceava en Roumanie.

L’objectif est désormais d’échelonner l’arrivée des 23 semi-remorques au départ de la France, ainsi que celle des équipes mixtes constituées des trois ONG. Leur mission sera d’aider à l’installation du camp, coordonner et distribuer l’aide reçue, et éventuellement prodiguer des soins. Deux semi-remorques sont envoyés en Hongrie à la demande de EVOLSAR* Hongrie.

La protection civile est très organisée. Elle va faciliter les formalités douanières et organiser le stockage dans des entrepôts. Deux nouveaux camps seront installés dans la région de Giurgiuleşti et de Bălți, soit environ à 40 km de Palanca. Les camps sont des installations de transit : arrivée des réfugiés par la frontière, enregistrement, restauration puis embarquement dans les bus à destination de la Roumanie.

Les réfugiés sont en majorité des femmes avec des enfants, lesquels arrivent à pied, pour la plupart. Il faut donc les mettre à l’abri et en sécurité. Selon la situation à Odessa, il faut s’attendre à l’arrivée de nombreux réfugiés supplémentaires.

Dans le camp de Palanca, des équipes de PUI et PMH se relaient sur place chaque semaine.

Les dons reçus de la population, des entreprises, des collectivités, sont arrivés et distribués sur place, mais aussi en Ukraine directement.

L’équipe se rend au centre de stockage des dons géré par la protection civile moldave afin de vérifier la distribution et la traçabilité des dons français.

Des contacts avec d’autres ONG françaises sont établis, notamment avec ACTED et Solidarités Internationales. Cela aboutit à la signature d’une convention avec ACTED afin d’apporter un soutien mutuel aux opérations dans les camps (distribution, suivi, aide logistique…), ainsi qu’à l’installation, avec le Service Départemental d’Incendie et de Secours de la Marne (SDIS 51), d’un poste médical sur un site choisi par le ministère de la Santé moldave, en relation avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

La chaîne de solidarité de Pompiers de l’urgence internationale et Pompiers Missions Humanitaires fonctionne : les dons, collectés à Limoges et à Caen, et chargés dans des dizaines de semi-remorques, arrivent en Moldavie et sont distribués aux réfugiés.

La structure de nos deux ONG est en place à Palanca. Les enfants et adolescents sont nos plus nombreux « visiteurs ». Afin de leur faire oublier la situation difficile dans laquelle ils se trouvent, nous partageons avec eux les dons reçus de Limoges et de Caen : des jeux, des peluches, des couvertures et tout ce qui peut les aider.

Un dispensaire est en cours d’installation à Palanca. Le poste médical installé avec le support du SDIS 51 permet l’accueil des réfugiés pour un bilan médical et une distribution de produits d’hygiène pour les femmes et les enfants.

Le 30 mars, nos équipes reçoivent la visite de Monsieur Graham Paul, ambassadeur de France en Moldavie. Accompagné d’Igor, le responsable du camp de Palanca, il a remercié les associations pour leur engagement auprès de la population ukrainienne et dans le cadre de ce camp de transit.

À Limoges, un nouveau projet d’aide humanitaire se profile déjà : 5 ambulances sont en préparation pour être envoyées vers les hôpitaux en Ukraine. Ces ambulances ne rouleront pas à vide. À leur bord, il y aura du matériel pour les soignants et les blessés : des chaises roulantes, des béquilles, du matériel de contention pour immobiliser les fractures, etc.

Celles-ci ont été convoyées par Pompiers de l’urgence internationale, de Montpellier à Limoges, pour être conditionnées en vue de la donation aux hôpitaux ukrainiens de Lviv, Irpin, Makariv et Kiev.

Les 5 ambulances sont d’abord acheminées jusqu’en Pologne. Une équipe des 3 ONG leur fait ensuite passer la frontière Ukrainienne, et elles sont remises, en mains propres, à des conducteurs venus des hôpitaux de différentes villes qui en ont besoin car leurs propres ambulances ont été détruites lors des bombardements ou des fusillades.

C’était un énorme défi logistique à relever, mais le bilan de l’ensemble de cette mission restera exceptionnel. À Limoges, la quantité des dons a requis un travail de tri et de conditionnement énorme. La mission a duré plusieurs semaines grâce à une mobilisation sans faille de tous les bénévoles.